Avec les moulins bas toilés, les meuniers éprouvaient d’importantes difficultés pour régler leurs moulins :
Orienter le moulin face au vent au moyen du guivre (grande pièce de bois qui part du toit et va jusqu’au sol, appelée aussi queue du moulin ou timon) effort physique souvent important, dans certaines régions on utilisait un cabestan en s’accrochant à des pieux répartis en circonférence autour du moulin…parfois la traction animale.
Grimper jusqu’en haut de chaque aile et accrocher la toile et redescendre tout en continuant à fixer la toile sur les barreaux et ceci à faire sur chaque aile, donc quatre fois. Parfois il y avait deux toiles par ailes…
On imagine très bien le danger de ces opérations et il est très probable que plus d’un meunier s’est retrouvé en fâcheuse posture à la suite du freinage défaillant.
Si le vent était déjà conséquent, le meunier devait estimer la surface de toile qu’il devait installer face au vent, pour cette raison les ailes n’étaient pas toujours symétriques et une partie fixe pouvait être en planches.
Le meunier, devait savoir déchiffrer dans le ciel les signes avant-coureurs des coups de vent voire des tempêtes, l’apprentissage et l’expérience acquise sur le terrain étaient primordiales.
Parce qu’à chaque changement important de la vitesse du vent il devait arrêter le moulin et réajuster la surface de la toile en fonction de ce changement.
Mais le 19 ème siècle est là avec ses progrès technologiques…
Dans les années 1840 apparaît l’aile Berton. Pierre Théophile Berton (Barbonne (Marne), 1803–Angers, 1861), ancien charron originaire de la Somme, est appelé à travailler sur les moulins à vent. Son fils, Pierre Théophile Berton fils (Barbonne, 1827-Angers, 1894), le seconde dans ses travaux. Constatant le faible rendement des moulins, dû à la contrainte permanente et dangereuse du réglage des voilures, il met au point un système d’aile à portance réglable. Il dépose le brevet en 1841 et s’installe en Anjou en 1852.
L’aile Berton se compose de planches de bois (11 par ailes) supportées par les verrons (4 par ailes) qui forment un parallélogramme dont la déformation permet d’offrir une surface variable au vent. Elle est obtenue par l’action de biellettes solidaires d’une couronne située à l’avant de l’arbre moteur. Cette couronne est actionnée de l’intérieur du moulin par un mécanisme différentiel, mis en œuvre par le meunier au moyen de la petite corde pour l’ouverture (grosse corde pour la fermeture) les taquets ainsi actionnés par l’une ou l’autre corde permettent d’immobiliser l’une au l’autre des couronnes du différentiel produisant une rotation de la couronne avant via un arbre de transmission situé à l’intérieur de l’arbre moteur.
Le meunier peut ainsi de l’intérieur de son moulin parfaitement régler son moulin le dispensant d’effectuer le difficile réglage des toiles en fonction du vent, qui l’oblige à grimper le long des ailes, avec les risques d’accidents qui en découlent. Ce système ingénieux ne fonctionne que lorsque le moulin tourne car il utilise la rotation de l’arbre, transmise aux biellettes qui actionnent le système Berton.